Simracing Expo 2016 : la course dans tous ses états

Les 17 et 18 septembre derniers, se tenait un événement unique en Europe autour de notre passion : la Simracing Expo. Il était évident pour Live-Sim que nous devions couvrir ce rendez-vous exceptionnel à plus d’un titre. Imaginez, réunis en un seul endroit, à côté du circuit du Nurbürgring, des éditeurs, des fabricants et des Teams venus du monde entier. Les cockpits étaient en présentation et en libre accès, et les professionnels étaient à votre disposition pour vous démontrer ce qui se fait de mieux en matière de matériel, le tout vivant au rythme de courses improvisées, de concours de tours rapides, et bien sûr de l’ADAC Simracing Trophy. Imaginez cela, et vous obtiendrez la Simracing Expo qui a fait vibrer plus de 12 000 visiteurs.

 

Les choses commencent plutôt mal, puisque trouver l’exposition tient presque de l’exploit. Suivez la direction du Nürburgring, garez votre voiture là où vous le pouvez, et comptez ensuite sur la gentillesse des Allemands pour vous aider. Le passage par l’Info Center du circuit sera quasiment obligatoire pour trouver le Saint Graal, aucun panneau n’ayant été installé. Une bizarrerie dans l’organisation d’un événement qui n’en est pourtant pas à sa première édition : à croire que le secret est cultivé pour se révéler uniquement aux plus grands amateurs. Nos chers lecteurs apprendront que l’exposition se tient (heureusement) à l’étage au-dessus de l’Info Center. Une fois passés les sandwicheries et autres bars éphémères, vous entrez dans un hall immense, assourdis dès la porte franchie, par le flot quasiment ininterrompu du commentateur officiel de l’exposition et par le bruit des vidéos qui passent sur le grand écran central. Pas de doute : vous êtes bien à la Simracing Expo.

Des cockpits en veux-tu en voilà !

Ce qui attire l’œil dès les premiers mètres, ce sont bien sûr les cockpits : plus d’une vingtaine au total, statiques ou avec vérins, simple ou triple écran, avec ou sans shifter, sur différents styles de supports, avec tous types de volant, pédalier, siège, des marques plus ou moins connues. A ce jeu-là, si le nombre fait la force, les Allemands sont les mieux placés. Actoracer, Upgraded, Next Level Racing : chacun présente sa conception du simulateur dynamique, non loin des Italiens de chez Evotek, avec leur solution sous forme de monoplace ou des Anglais de chez Vesaro, qui se démarquent par un stand monumental qui met en valeur l’une des pièces exceptionnelles de cette exposition : l’Oculus Rift et son utilisation sur un simulateur très haut de gamme.

 

Des fournisseurs officiels et des absents…

En termes de matériel, il faut aussi citer, en tout premier lieu, Fanatec, fournisseur officiel de la Simracing Expo, qui a fait la promotion de sa nouvelle gamme CSR Elite, soutenu en cela par la présence exceptionnelle de son CEO, Thomas Jackermeier, et de deux simulateurs. La marque allemande était aussi la plus utilisée sur les autres cockpits de démonstration, suivie de très près par… Thrustmaster, absent de l’exposition. Nous avons également découvert des pédaliers, shifters et freins à main venus des Pays-Bas, chez Heusinkveld Engineering. Sans oublier Playseat et Sparco qui s’en sont tenus à un rôle d’équipementier.

… y compris côté logiciel

Chez les éditeurs et studios, la portion a été plutôt congrue : Codemasters et son F1 2016, Microsoft et Forza Horizon, ISI pour Rfactor2, et iRacing, également fournisseur officiel pour l’ADAC Simracing Trophy et qui organisait des courses en LAN sur son stand. Point de Kunos Simulazioni (Assetto Corsa), Slightly Mad Studios (Project Cars) ou de Reiza Studios (Automobilista). Nous pardonnerons à Sector3, qui a la chance d’avoir un pied à terre au Nürburgring, sous la forme d’une salle de simulateurs entièrement dédiés à Raceroom.

Pour les autres, il aura fallu les chercher sur les écrans et triples écrans. Que se passe-t-il ? Manque d’intérêt ? Manque de motivation ? Manque de moyens ? Ou bien certains agitateurs de nos volants donnent-t-ils plus d’importance à une relation dématérialisée qu’à une rencontre de la communauté ? Ils ont en tout cas raté le coche et l’occasion de participer à un événement exceptionnel. Néanmoins, nous pouvions les retrouver sur les écrans des cockpits. Assetto Corsa est plébiscité par les fabricants, suivi par rFactor2 et Project Cars. F12016, Forza Horizon, Automobilista et iRacing (pourtant fournisseur officiel) ferment la marche.

 

La performance Made in France

Heureusement pour nous, des Français ont relevé le défi. JCL Racing, emmenée par son directeur Jean-Christophe Godard, est venu avec toute son équipe pour montrer la qualité ainsi que la solidité de ses produits adaptables à toutes les situations et morphologies, comme le JCL Seat ou le V2  spécial  Geko. Et pour le prouver, il proposait un tour du Nordschleife en Audi, sur le JCL V3 Fury, un cockpit à vérins, équipé d’un volant Fanatec, d’un ensemble pédalier-frein à main-séquentiel Heusinkveld, d’un Shifter Thrustmaster, d’un baquet GT2i, le tout propulsé par iRacing. Les sensations étaient au rendez-vous et le stand n’a pas désempli du week-end.

Succès identique pour Olivier Pairon et SimRacingTrack, qui a organisé un concours gratuit de Hotlaps. A vous de réussir le meilleur tour avec le Simulateur SRT PRO développé avec plusieurs partenaires (cockpit JCL Racing, pédalier Heusinkveld, écrans Iiyama, rFactor 2-ISI), sur le circuit du Nürburgring, avec une Porsche des Enduracers Modding Team. Contest qui sera finalement remporté par… un Français, Jeremy Bouteloup, qui repart avec un pédalier Heusinkveld. Le véritable objectif pour SimRacingTrack était cependant de présenter son championnat PRO de Simracing dans le cadre de son lancement international.

 

La course à l’honneur

Et puis, il y a eu foule, les amateurs étant surtout attirés par le cœur de la Simracing Expo, une compétition LAN, l’ADAC Simracing Trophy. Les prétendants étaient plusieurs milliers au départ. Ils se sont retrouvés 48 sur place, issus, pour la très grande majorité, d’authentiques équipes : Team Redline, Core Motorsports, Radicals Online, MSP Drivers, Triton Racing… Même les Virtual Drivers by TX3, l’une des rares Teams françaises présentes, ont fait le déplacement, avec 3 de leurs Simracers français engagés parmi les 48 meilleurs mondiaux ! Objectif : s’affronter en GT3, sur le circuit du Nürburgring GP, avec 16 simulateurs équipés par Fanatec (volant-pédalier-baquet), BenQ (écran) et iRacing.

Retransmise sur grand écran et en ligne grâce à une régie digne d’une émission télé, la course était également suivie par une foule de spectateurs. Vous avez dit « stars » ? Vous pourriez le croire puisque les vainqueurs de chaque manche, des quarts à la finale, avaient droit à leur petite interview au micro, caméra braquée sur eux. Il faut dire qu’ils le méritaient : le niveau était très élevé. Pour preuve, le meilleur temps a été réalisé par Kay Kaschube (Core Motorsports), en 01:54,788.

Si bien que chaque manche fut très intense et chaque qualification vécue comme une victoire. A l’image de Pablo Lopez, pilote de l’Iberica Racing Team, qui finit son quart de finale en sueur et partage son résultat dans une exultation commune avec ses équipiers. « Je n’ai pas d’objectif en venant ici » explique-t-il « je veux juste obtenir la meilleure place, challenger les meilleurs pilotes et si possible, rouler proprement ». Un état d’esprit que partage le meilleur pilote des TX3, par ailleurs fort d’une grande expérience IRL, Ludwig Ghidi : « Je veux faire du mieux que je peux. Je me suis entraîné pour cette compétition, qui est ma première LAN, ce qui me permet de figurer parmi les 48 meilleurs mondiaux et d’accéder à la demi-finale. C’est déjà une très grande satisfaction ».

 

Les Allemands dominent

En une après-midi, les spectateurs ont pu voir des épreuves intenses, une concentration de tous les instants chez les pilotes, plusieurs voitures percutées par une autre au départ, des Simracers quitter brutalement leur cockpit, dépités par leur manque de chance, des dépassements de génie dans les derniers tours. Ce sont les Allemands qui ont dominé, en tant que pilotes mais aussi en tant que constructeur : l’Audi R8 LMS s’est imposée comme la voiture à conduire durant cette compétition. Angelo Michel, de chez Core Motorsports, décroche la victoire, suivi de deux de ses équipiers : la preuve en images !

Ovationnés par le public, avec l’ensemble des finalistes, ils ont reçu chacun une coupe (en forme de volant), le vainqueur un Cash Prize de 1000 euros et trois écrans BenQ, et tous ont pu ouvrir le champagne. Et côté français ? Jeremy Bouteloup (Radicals Online) tire son épingle du jeu. « Je suis plutôt content », avoue-t-il « je me suis un peu entraîné, je n’ai pas eu de problème pour me faire au matériel dont je n’ai pas l’habitude, mais j’ai eu aussi un peu de chance : ce n’était pas gagné d’avance ». Après avoir dû observer une pénalité, il réussit néanmoins à effectuer plusieurs dépassements qui lui permettent de décrocher la 5e place. Pas de regret alors ? « Je suis d’abord venu pour la compétition, mais c’est vrai que la dotation est une motivation supplémentaire, de même que le gain en terme de visibilité. Je ne m’attendais pas à un tel engouement ».

 

Vers une professionnalisation du Simracing

En conclusion à cette exposition, qui m’aura aussi donné le plaisir et l’honneur de rencontrer notre confrère Skape, de chez Simrace-blog, ainsi que Darwin Fernandez, membre de l’Iberica Racing Team, et le 200e abonné de notre page Facebook, je dois dire que je suis surpris : la passion du public, des exposants, des participants, le fair-play des pilotes, leur profond sentiment de camaraderie et de soutien mutuel, l’ampleur d’un tel événement, le nombre de personnes que cela a fait déplacer, la qualité des équipements, la recherche de la performance tant matérielle que humaine, l’argent que cela peut générer…

Nous sommes, à n’en pas douter, comme le dirait si bien Jacky, dans une logique de professionnalisation et d’hyper-spécialisation du Simracing. La Simracing Expo en est le révélateur et peut-être le catalyseur. En tout cas, en raison de son caractère unique en Europe, l’événement a de beaux jours devant lui, à  condition bien sûr qu’il conserve l’ADAC Simracing Trophy qui, de l’aveu de plusieurs observateurs, est son premier moteur.

 

Et vous, qu'en pensez-vous ?