Jeremy Bouteloup : au nom de la compétition

Nous vous avons présenté jusqu’à maintenant des ligues, des Teams, mais nous ne nous étions jamais intéressés exclusivement aux pilotes. C’est aujourd’hui chose faite avec Jeremy Bouteloup. 24 ans seulement, et déjà une belle carrière derrière lui, ponctuée de souvenirs marquants : ses débuts en Simracing pour passer le temps, la GT Academy, les Blancpain GT World Championship Series sur iRacing… Le Simracer, amateur d’Endurance comme de F1, est devenu exigeant, appliqué, impliqué, perfectionniste et travailleur méthodique. Avec la compétition en tête avant tout, il est sans cesse à la recherche de nouveaux challenges pour progresser, y compris en Realracing. Portrait.

 

Passionné par le sport auto, Jeremy Bouteloup commence le Simracing pour « passer le temps » en 2003 avec F1 Challenge et en offline. C’est deux ans plus tard, alors à la recherche d’une simulation réaliste, qu’il découvre rFactor. Equipé d’un Momo de chez Logitech offert par le Père Noël, il passe une nouvelle étape en rejoignant le forum de Racingfr. Bonne décision, puisqu’il y reste longtemps, de 2006 à 2010, pour participer à des championnats. Il y connaît de grands moments en Endurance, comme une épreuve de 24h, avec des relais de 3h, sous GTR2, ou sa victoire en équipe en LMP2, sous rFactor, dans un championnat composé d’épreuves de 6, 12 et 24h. Le Simracer ne reste cependant pas fermé aux autres simulations : « J’ai aussi couru sur GT Legends, sur Race 07, mais je n’aimais pas les physics, et sur Live for Speed, entre 2009 et 2010. Cette simu avait un bon mode multi, qui permettait de faire une course rapidement, et une bonne gestion des pneus.»

2010 est l’année d’une nouvelle évolution pour le jeune pilote : il passe à iRacing. Il investit plus de temps pour être compétitif et pour figurer parmi les meilleurs. « Je dois reconnaître que j’étais largué au début, alors que j’étais bon par ailleurs. Mais je me suis accroché. iRacing représentait un nouveau challenge, face à des pilotes meilleurs que moi, et la structure en elle-même, de même que la possibilité d’avoir des stats me plaisaient.» Il n’abandonne pas pour autant rFactor de suite et s’essaie à d’autres titres. « Ce que je recherche dans une simu, c’est le challenge et un gameplay.» Il roule ainsi – un peu et pour le fun – sous Assetto Corsa et Automobilista. « J’ai tenté aussi Project CARS, mais c’est très arcade. C’est pour moi, une semi-simu, plus jeu que simu.» Pour preuve, des concours de Hotlap remportés en coupant des virages, ce qui ne lui plaît pas.

 

Faire le lien entre virtuel et réel

Comme Jeremy est un pilote exigeant, y compris avec lui-même, il prend la décision de rejoindre les Radicals Online en 2012. « Je cherchais une équipe sur iRacing en F1 pour m’entraîner et progresser. Une de mes connaissances au sein de la Team a parlé de moi au Manager.» Il fait par la même occasion ses premiers pas dans le championnat F1 de la simulation américaine, qu’il terminera avec les Radicals en occupant la 7e place. 2013 arrive et c’est le moment pour lui de faire une pause des plus laborieuses : la GT Academy. « Pour ça, je me suis contraint et forcé à rouler sur Gran Turismo et en plus, en Hotlap !» Il parvient jusqu’à la finale européenne sur le circuit de Silverstone. « Je m’en sortais très bien, même si je n’avais pas eu assez de temps pour prendre mes marques. C’est un circuit que je connais.» Mais cela n’a pas suffi pour arracher la victoire. « J’en garde quand même un très bon souvenir. Cela a ouvert des possibilités, et c’était la première fois que je faisais autant de piste. Et quel plaisir de conduire la Nissan 370Z préparée !»

Il prend ainsi goût à la course réelle et cherche désormais à faire le lien avec le virtuel. La Mazda European MX-5 Cup, organisée par le constructeur japonais, en collaboration avec iRacing, lui en donne une nouvelle fois l’occasion en 2016. Au terme de 12 courses en simulateur, « j’ai fait partie des trois finalistes qui partaient à Barcelone pour s’entraîner », avec en point de mire la possibilité de prendre le départ lors de la finale de la Mazda Global MX-5 Cup, sur le circuit de Laguna Seca. Il côtoie des pilotes réels européens, courant en MX-5, en VLN, ou encore en Endurance de 24h. Un challenge : « Au bout de deux jours, cinq sont partis pour Laguna Seca » sans qu’il puisse les suivre. Jeremy revient au virtuel et remporte, avec les Radicals Online, les Blancpain Endurance Series, même si les résultats sont partagés. « C’est un bel accomplissement !» Il s’illustre également pendant la récente Simracing Expo, en terminant 5e au classement, mais 1er Français, de l’ADAC Simracing Trophy, la course en LAN organisée avec iRacing. « Même si je m’étais un peu entraîné, ce n’était pas gagné d’avance : je partais avec une pénalité », souligne-t-il « je suis donc plutôt content du résultat ». Pas déçu de ne pas toucher les gains ? Le cash prize, les écrans, etc… ? « Ma première motivation est la compétition. La dotation était un plus.»

 

De la méthode pour se préparer

La carrière, c’est bien, mais cela ne nous dit pas avec quoi il roule ! Au fil des ans, il s’est aussi sérieusement équipé : un cockpit JCL Racing gagné à un concours, trois écrans, un G27 puis un T300 acheté en promo il y a deux ans… Il s’est surtout lâché sur le pédalier : un Heusinkveld, acquis en juin 2015. « C’est un budget, c’est vrai, mais c’est pour être tranquille. Avant ça, j’avais du épuiser 2 ou 3 set Logitech, parce que les pédales finissaient par trembler.» Et en août de cette année, il franchit la porte de la réalité virtuelle et s’offre l’Oculus Rift. Objectifs : profiter d’une immersion totale, en recueillir les fruits dans la simulation, mais aussi pour le fun. « J’ai eu quelques expériences de course réelle, et j’espère également que le casque me sera utile dans le cadre de la préparation même si la qualité n’est pas encore exceptionnelle.» Il a baptisé le dispositif lors de deux courses du prestigieux championnat Neo Endurance sur iRacing. Résultat ? « Me faire au placement des rétroviseurs a été difficile », remarque-t-il « en contrepartie, j’ai une meilleure sensation de vitesse. Et j’ai compris que je freinais trop tard ».

Qu’en est-il au niveau pilotage pur et dur d’ailleurs ? Quelles sont ses astuces ? « Avec le temps, j’ai de moins en moins de temps », dit-il en souriant « je m’organise de plus en plus. Avant, je m’entraînais au dernier moment. Maintenant, j’attaque la préparation d’une course deux semaines à l’avance, tous les jours ou tous les deux jours, par séance de 30 minutes à 1 heure ». Une méthode qu’il applique rigoureusement, qui lui permet de repenser à ce qu’il fait, d’affiner et de s’améliorer. « Je commence par rouler en mode course pour avoir un rythme et puis je passe en qualifs pour chercher la limite.» Côté réglages, il tente un peu tout voire les extrêmes : « Dans toutes les simus, si les setups sont en général cohérents, il n’est pas exclu parfois de devoir tenter des valeurs qui sortent de l’ordinaire pour chercher les derniers dixièmes. Parfois ça marche, mais parfois non. Il faut surtout bien connaître la voiture ». D’où l’avantage d’être au sein d’une équipe, pour bénéficier d’une émulation mutuelle : « Il y a toujours un pilote qui t’aide à trouver le petit dixième.» Mais cela ne suffit pas, surtout aujourd’hui avec la nouvelle F1 chez iRacing : « Il faut réfléchir plus, penser plus stratégie, notamment en raison de la gestion de l’ERS qui est plus présente.» Et cette nouvelle dimension plaît beaucoup au pilote : « Si tu n’es pas le plus rapide, mais que tu gères bien, tu peux gagner.»

 

 

2017 : nouvelle année, nouvelle évolution

Jeremy Bouteloup se satisfait donc de trouver toujours de nouveaux challenges. Et cela n’est pas prêt de changer. 2017 s’annonce déjà comme une année de changement. Une fois le Neo Endurance terminé, il quitte les Radicals Online pour rejoindre la VRS Coanda Simsport. « Un de leurs membres a parlé de moi à l’équipe, car ils étaient à la recherche d’un pilote pour les Blancpain GT World Championship Series. C’est donc l’opportunité de rejoindre la meilleure équipe de cette année, que ce soit en F1 ou en GT.» Il espère aussi y développer, avec le partenaire de l’équipe, Virtual Racing School, un aspect coaching au-delà de la compétition.

Jeremy n’a donc pas fini de faire parler de lui.

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