Simulateur Académie Racing : suite et… suite

En août 2019, nous vous avions parlé de la Simulateur Académie Racing, organisée par Laurent Mercier, patron du site Endurance-Info, Félix Barré, gérant du centre de formation 2SM Pilotage et le constructeur Lamera. Cette initiative devait permettre de sélectionner deux pilotes en herbe et de les aider à prendre le volant d’une voiture de course. Margot Carvalhido et Maxime Batifoulier avaient ainsi décroché leur volant pour une journée de courses d’endurance, sur le circuit de Dijon-Presnois. Nous les avons suivis dans leur aventure et il m’a même été donné la possibilité de les voir à l’oeuvre : je n’allais pas m’en priver.

Comme prévu, un training a été organisé les 8 et 9 août derniers pour préparer la journée d’endurance du mois d’octobre.
Les deux gagnants, Margot et Maxime, avaient de nouveau rendez-vous à Saint Malo chez 2SM Pilotage, qui prenait à sa charge l’entraînement. Son responsable, Félix Barré, les y a coachés, fort de son expérience en tant qu’ingénieur d’exploitation et team manager pour de nombreuses équipes notamment, comme d’un joli palmarès sur les championnats en V2V, les 24H du Mans en GT, le GT Tour, etc.

Au programme de l’entraînement : retour dans le simulateur pour de petites sessions, des relais de 15 à 20 minutes, dans la continuité du challenge, en conditions de course, sur le circuit de Catalunya en Porsche GT4. “Nous étions partis sur des personnes très différentes, il y avait donc un gros écart de niveau”, précise Félix, “avec Margot, on a gratté. Au début, il nous manquait 15 secondes, puis plus que 4 à 5 à la fin, tout en étant régulier”.

Les deux stagiaires peuvent aussi s’essayer à la Lamera en virtuel (une voiture développée par 2SM avec des étudiants en ingénierie) sur la piste de Dijon-Prenois. “On a débriefé, étudié les datas et on a pu poser toutes les questions que l’on voulait”, explique Margot Carvalhido. “Nous avons aussi vu des vidéos de départ, d’arrêt aux stands, classique pour tout pilote, pour apprendre à optimiser chaque seconde”, ajoute Maxime Batifoulier, “j’ai personnellement complété avec du roulage encore sur simu à la maison”. De quoi ne pas arriver comme des touristes le jour J… Même si pour Félix, “nous avons manqué de temps. Idéalement, il aurait fallu plus de deux jours”.

Une préparation semée d’embûches

Arrivent enfin le mois d’octobre et le week-end tant attendu. Et les objectifs semblent réalistes : faire une pole dans la catégorie Pro Am et un podium. Mais une série d’incidents vont mettre à mal ces espoirs : des problèmes de radio, une boîte de vitesse récalcitrante… Il faut aussi aux pilotes le temps de se faire à la voiture, au tracé, au partage de la piste avec des concurrents pas toujours tendres…

Le vendredi, le matin des essais, les freins, sensibles, ne répondent pas comme attendu avec Maxime. Les pneus, qui ne sont pas des slicks, se bloquent avant la fin du premier tour : la voiture part contre le rail. “C’est difficile d’avoir une bonne attaque des freins au début pour ceux qui prennent en main la Lamera”, explique Félix, “Maxime a montré ce qu’il ne fallait pas faire”.
Pour l’intéressé, c’est “une boulette de stress. J’y suis allé comme dans un jeu vidéo. Et je suis resté choqué par ma connerie”. Le service médical arrive en premier sur les lieux. “Je n’ai pas osé sortir de la voiture tout de suite. Mais le mal était fait”. Il faut ensuite faire face à ses erreurs, expliquer à l’équipe “que je n’avais pas envie de décevoir, mais plutôt de rendre fier”.
Le choc est vécu physiquement, psychologiquement, à tel point que Maxime Batifoulier n’a pas envie de remonter dans la voiture, ni de faire la course. Heureusement, ses proches comme l’équipe l’encouragent. “C’était important que la famille et mes amis soient là. Leur regard, leur attention, c’est une bulle d’air, de l’oxygène. Et en même temps, tu as envie de les rendre fiers, c’est une pression positive”.

De son côté, Margot Carvalhido doit gérer également : le crash, et les réparations qui s’en suivent, font qu’elle ne peut prendre le volant qu’à 14h le vendredi, pour seulement 30 minutes d’essais sur la journée, en deux relais, pour un avant-goût de la course. “Je me suis mise dans ma bulle pour pouvoir aller au bout des choses, essayer de faire de mon mieux, sans casser la voiture et me montrer à moi-même que je suis capable”. Elle est aussi soutenue par le parrain du challenge, Fred Makowiecki. Très accessible, le pilote usine Porsche et Nissan “est venu de lui-même nous voir”, précise Margot, “il a été très à l’écoute et nous a conseillés”. Résultat : elle ne sort pas de piste.

Vers 16h30, les qualifications sont lancées, auxquelles vont participer Maxime et “Mako”. Avec un temps dans les 15 premiers, il est possible de prendre part à la superpole. Malheureusement, pendant la tentative du parrain, le capot, maintenu en place par des Scotch suite à l’impact du matin, se relève subitement et vient éclater littéralement le pare-brise. L’équipe devra donc se contenter de la quinzième place sur la grille de départ.

Green Green Green 

En ce matin du samedi 26 octobre se tient la première des deux courses de la journée, une épreuve de 3h30. La mise en grille débute à 8h45 et… les palettes de la Lamera n°35 ne fonctionnent pas. “Finalement, on a été obligé d’embrayer pour passer la vitesse”, explique Maxime Batifoulier, “c’est un coup à prendre”. La voiture doit faire le départ depuis la pitlane.

Fred Makowiecki réussit à remonter jusqu’à la deuxième place, avant que Maxime ne lui succède avec l’objectif de maintenir la place. Reboosté après son accident de la veille, le lauréat du challenge n’est pourtant pas sûr de lui. “On est un peu perdu au début. On ne tente pas de dépasser, on ne sait pas…”, raconte-t-il, “il faut se donner le temps, et après quelques dépassements, on sent qu’on peut aller chercher, en restant correct, sans être trop agressif”. Une fois les repères trouvés, Maxime progresse dans une course plaisir, et cela, Félix Barré le voit bien. “Ses chronos ont été très bons, quasi exceptionnels. En moyenne, il était à 1,7 secondes de Fred”. Il signe même un meilleur temps à seulement 7 dixièmes du pilote Porsche, tout en étant plus vite que d’autres concurrents avec plus d’expérience en Lamera Cup.

C’est bientôt à Margot de prendre son relais. “C’est là où il fallait tout donner”, lance-t-elle, “et si je pouvais doubler, j’y allais”. Satisfaite, la jeune femme pousse jusqu’à signer son meilleur temps en ce début de week-end, dès son deuxième relais et dans l’avant-dernier tour de la course.
Malheureusement, suite à une tentative de dépassement, elle sort de piste au niveau de la parabolique… et c’est la casse pour la Lamera. “D’une part, Margot a peu roulé en essais”, explique Félix Barré, “d’autre part, quand on améliore d’un coup, on a tendance, le tour d’après, à faire une erreur dans un virage”. Fait classique apparemment, ce qui ne soulage pas forcément la pilote. “Un vrai moment de panique. Le plastique et le triangle de suspension étaient abîmés… J’ai demandé aux mécaniciens si c’était grave, si c’était réparable…”.
Les mécanos ont le temps de la pause déjeuner entre les deux courses pour rendre la voiture en état de rouler. Ça tape, ça arrache, ça tronçonne, ça court, sous les regards inquiets de toute l’équipe et devant une Margot énervée par l’accident, qui se ronge les sangs, redoutant de ne pouvoir reprendre la course avec toute l’équipe l’après-midi. Mais les mécaniciens feront le nécessaire. “J’ai un très grand respect pour eux et pour ce qu’ils ont fait, surtout dans ces conditions”, tient à souligner la jeune lauréate.

Une seconde chance

L’heure de la deuxième épreuve de la journée arrive bien vite : une course de quatre heures, cette fois. La Lamera devra partir des stands, de la dernière place : Fred Makowiecki prend son temps avant de monter dans la voiture, dans une ambiance redevenue sereine. Après quelques mots avec Félix Barré, le moteur gronde, et c’est parti pour le premier relais.

Pour profiter du spectacle, je me suis installé au niveau du virage 5, le gauche de la bretelle, tout en descente après un turn 4 culminant. Et je n’ai pas regretté. D’homme calme et concentré, “Mako” s’est transformé en prédateur. De tour en tour, il ne cesse de grimper dans le peloton avec une vitesse et une maîtrise du grip qui forcent l’admiration ! Ça reste propre, calculé, avec des distances de sécurité respectées par rapport aux autres voitures.

A ce train-là, il remonte ainsi à la quinzième place et passe le volant à Maxime qui va conserver la position. Si bien que Margot fait une annonce à l’équipe : elle souhaite ne pas faire son relais au profit de son coéquipier lauréat et ainsi assurer un Top 15. Félix Barré s’y oppose : elle devra emmener la voiture jusqu’au drapeau à damier. “J’avais un peu peur au début, mais après, on se remet dans le jus et on tourne. L’appréhension n’est plus là”, explique la jeune femme, “et grâce à la première course, qui était comme un avant-goût, j’étais étonnamment bien”.

Ce relais se passe effectivement bien jusqu’au dernier tour. Toute l’équipe rejoint le muret, certains escaladent les grilles qui les séparent de la piste et attendent avec impatience la Lamera n°35. “C’était un moment extraordinaire. Je faisais coucou à tout le monde”, explique une Margot Carvalhido encore émue par cette expérience. Honneur et fierté suprêmes, Frédéric Makowiecki l’accueille à sa sortie de la voiture en lâchant : “Tu as réussi à tenir la 15ème place !”. Pour Félix Barré, la lauréate “a fait ce qu’on attendait d’elle dans son dernier relais”. L’équipe est réunie, les parents et les amis sont là aussi. “Il y avait mon frère avec qui je suis ultra complice, qui m’a donné des conseils, m’a aidé à m’habiller… et puis mon oncle, que j’avais envie de rendre fier”. De quoi terminer sur une note très positive.

L’enthousiasme perdure

Plusieurs semaines après l’événement, un bilan se dresse naturellement dans la tête de chacun. “J’ai pris un pied fantastique dans la Lamera”, annonce Maxime Batifoulier, “même si la voiture a mal marché et malgré mon énorme boulette, je suis content”. Alors prêt à se relancer dans l’aventure ? “Effectivement, j’aimerais la reconduire, d’autant que j’ai adoré la formule : que ce soit des courses monomodèle, sur de beaux circuits… c’est vraiment bien pour un championnat amateur”.

Margot Carvalhido n’a pas non plus perdu son enthousiasme : “je ne suis pas redescendue en fait”, lance-t-elle d’entrée, “piloter une voiture de course, c’est un rêve de gosse. Cette première fois, je l’attendais depuis longtemps. Si bien que maintenant, j’embête mes parents pour qu’ils m’aident à recommencer, et en Lamera si je peux en avoir l’opportunité”. Il faut dire que la jeune femme a été conquise : “c’est une excellente voiture, qui écoute ce qu’on lui dit. Elle est en plus robuste et fiable, même si nous avons connu des soucis d’embrayage”.

“Ces problèmes ont mis les pilotes sous pression, peut-être trop”, analyse Félix Barré, “comme des éléments extérieurs à la voiture et à la piste, tels que la présence des journalistes. Cela a rendu la course plus difficile”.
Le gérant de 2SM Pilotage assure pourtant que sans tout cela, “l’objectif de la pole et d’un podium en Pro Am auraient pu être atteints. Ce sont les conséquences logiques d’une première année. Mais je n’en oublie pas que le challenge a été une super aventure avec les différents participants, organisateurs et intervenants. Et dès le début : les deux jours de sélection, par exemple, ont été comme cette course, forts en émotion. Il y a une petite nostalgie aujourd’hui”.
Félix retient également la place importante qu’a occupé Fred Makowiecki dans l’équipe : “c’était une chance pour nous. Il nous a bien sûr impressionnés par son adaptation et son coup de volant, mais il s’est aussi rendu disponible pour les candidats et a apporté ses conseils. Et c’est rare pour des pilotes usine d’avoir cette occasion. Un grand merci à lui d’être venu”.

Une passerelle entre virtuel et réel

De retour au bercail, loin de la piste, c’est aussi le moment de faire le point sur l’apport de la simulation dans la préparation de ce challenge. Pour le gérant de 2SM, le virtuel est une aide indéniable, pour des personnes novices ou non : “cela s’est vu. Les chronos de Maxime ont été exceptionnels si bien que plusieurs pilotes Lamera ont compris qu’il avait été préparé au simulateur”.

Reste que du virtuel à la piste, plusieurs différences persistent. “Cela m’a apporté surtout une connaissance visuelle du circuit”, affirme Margot Carvalhido, “en réel, on va perfectionner certaines trajectoires, ressentir vibreurs, freinage, accélération, apprendre aussi à être en peloton en essai et en course”. Un temps d’adaptation est donc nécessaire une fois sur la piste, phase que le matériel de 2SM Pilotage va permettre de réduire au maximum.

Dans le simulateur, le pilote prend d’ores et déjà connaissance de l’environnement qui va être le sien au moment de la course : il est placé dans la position juste de conduite, découvre l’arceau, le baquet, la distance avec volant… “Etre dans la voiture avec le grand écran panoramique, ça change aussi”, affirme Félix,  “car le regard est très important en piste. Nous allons aider le pilote à poser le regard loin, sur les côtés… comme lui donner une méthodologie de travail qu’il va retrouver en compétition”.

2SM se place donc, dans les faits et plus que jamais avec le challenge, comme une passerelle entre deux mondes, le Simracing et la compétition IRL. Ce que confirme son gérant, “nous avons effectivement envie d’aider des pilotes Simracing, ou des personnes débutantes, pas forcément au niveau, à travailler dans un monde plus proche de celui de la course réelle”.

Et ça tombe bien pour vous, chers lecteurs, car si vous ne le saviez pas encore, la Simulateur Académie Racing est reconduite cette année, pour toujours trouver deux pilotes en herbe, un homme et une femme. Ils seront formés pour leur première expérience en sport automobile, dans une épreuve d’endurance de deux courses de 4 heures chacune, au volant de la Lamera alignée par BLB Simulateur Académie Racing sur le tracé de Dijon, les 23 et 24 Octobre 2020.

Alors si vous souhaitez vous aussi avoir peut-être la chance de prendre le volant d’une voiture de course de 320 chevaux pour un poids de 910 kg, envoyez votre dossier avant le 16 mars prochain !

Attention seuls les 500 premiers qui parviendront au jury (composé d’Endurance-Info, 2SM Pilotage, Lamera Cup et Fred Makowiecki) seront étudiés !!

Pour en savoir plus, voici les bonnes sources :

le règlement,

le questionnaire,

le dossier de présentation.

Bonne chance à toutes et à tous !

Et vous, qu'en pensez-vous ?