Simracing Expo 2017 : la concurrence est rude

La quatrième édition de la Simracing Expo, le grand événement IRL de l’année, s’est tenu les 16 et 17 septembre derniers, sur le circuit du Nürburgring en Allemagne. C’était l’occasion de découvrir les dernières innovations en termes de matériel, mais aussi de prendre un peu la température. Où en sont les fabricants ? Qu’en est-il des logiciels ? La compétition en Simracing version e-Sport, ça se porte comment ? Quelles sont les solutions envisageables pour donner plus de visibilité à notre passion ? Et les Français dans tout ça, comment s’en sortent-ils ? Voici les réponses apportées lors de cette manifestation unique en Europe.

 

Avant même de commencer, l’édition 2017 de la Simracing Expo s’annonçait comme une sérieuse évolution du concept de base. Un nouveau partenariat avec Porsche, une volonté avouée de prendre une certaine place dans l’e-sport, plus de visibilité grâce au site allemand Kicker eSport justement, des prix nettement plus alléchants pour les vainqueurs des deux compétitions, etc… Les organisateurs semblaient ne pas se satisfaire de reconduire le seul événement en Europe traitant ainsi de Simracing, mêlant salon et compétition : il fallait apparemment dépasser ses limites et figurer comme une vitrine de ce qui se fait de mieux pour notre passion.

 

Sur place, cela s’est concrétisé tout d’abord par un nombre plus conséquent d’exposants, certains de retour, pour beaucoup de nouveaux venus, qui ont en plus permis à l’événement de monter en gamme. La plupart des solutions proposées concernaient en effet des domaines de pointe en Simracing : le cockpit dynamique (en profilé alu ou non), le Direct Drive, la Réalité Virtuelle (VR) et le pédalier. C’est sur ces thèmes que la concurrence a été rude dans le hall d’exposition et que les Français ont dû s’aligner. Ils étaient bien peu à le faire : JCL Simracing (pour la partie cockpit dynamique et Direct Drive – écoutez l’interview de Jean-Christophe Godard) et Bepolracing (pour le pédalier – écoutez l’interview d’Adam Piszczek et de Freddy Ras).

Difficile de tenir sa position

Certains n’avaient néanmoins pas trop de souci à se faire : Heusinkveld, auréolé du succès commercial que la marque a connu suite à l’édition 2016, a en plus pu voir ses pédaliers sur beaucoup des cockpits de test et de compétition de l’expo. D’autres par contre, semblaient être bousculés. Avec une concurrence massive aux niveaux Direct Drive (DD) et pédalier sur le salon, Fanatec semblait moins flamboyant que l’an passé, ses produits étant moins présents sur les différents stands, la marque étant elle-même « cantonnée » à une surface semblable à celle de 2016, où elle a fait étalage de sa pléthore de produits. Elle a heureusement créé l’événement en présentant son propre DD… avec pour partenaire Project CARS 2, comme si elle partait en quête d’une popularité perdue et avait peur d’accuser une perte de vitesse (face notamment à un Thrustmaster qui, ces derniers temps, semble vouloir jouer dans la même cour).

 

En parallèle, une autre course se tenait dans le domaine du logiciel. Si iRacing aurait pu logiquement l’emporter, étant partenaire de l’événement et fournisseur pour les compétitions du week-end, c’est bien Kunos Simulazioni qui a occupé les avant-postes, devant l’ensemble des titres. Bien que profitant d’un stand dédié ou d’un pied à terre, les rFactor 2, Dirt 4, F1 2017 et autres Raceroom Racing Experience n’ont pu rivaliser avec Assetto Corsa, qui était plébiscité et installé sur la plupart des ordinateurs. Une reconnaissance – ou une victoire commerciale – qu’a certainement dû apprécier Stefano Casillo, co-fondateur du studio italien et développeur en chef, présent sur les lieux ce week-end, sur un stand monté avec Porsche. Rattrapage de l’an passé, où Kunos avait brillé par son absence ? Poussée commerciale pour essayer de rattraper le wagon e-sport ? C’est un autre sujet.

Innover pour trouver LA solution

Il y avait aussi çà et là des plus qui ont attribué encore de la valeur ajoutée à la Simracing Expo. Comme Project CARS 2 et rFactor 2 qui ont proposé des sessions de roulage sous la pluie, la présentation de nouvelles solutions pour le rendu de la sensation de freinage (JCL Simracingécoutez l’interview de Franconen) ou de lacet (Imsim et Wave Italy), sans oublier l’arrivée de l’impression 3D (Hardcore Simracing), pour compléter votre équipement. Une entreprise turque, Tornet, a même fait sensation avec son TGC1, un système de cockpit en aluminium, pliable et qui vient se rabattre après utilisation, derrière le dossier de toute chaise de bureau pour un gain de place optimal. Dans tout ça, Thrustmaster a presque tenu le rôle de trouble-fête, en ne s’alignant pas dans les stands mais en équipant plusieurs cockpits de présentation de ses T300 RS et autre TS-PC Racer. Je ne suis pas là mais je suis incontournable, aurait-il pu nous dire en interview ?

 

La compétition aussi a connu son évolution, de par sa couverture médiatique plus prononcée, la place plus importante attribuée au public pour qu’il puisse suivre les courses, etc… C’est surtout au niveau du matériel utilisé que les avancées ont été les plus évidentes. Finis les cockpits statiques avec un seul écran de l’an passé. Les pilotes de l’ADAC Simracing Trophy et de la GT500 ont pu tourner sur des installations dynamiques signées Actoracer, dotées de triple-écran, et avec toujours des ensembles volant-pédalier de chez Fanatec. Des équipements volumineux qui ont presque caché les cockpits apportés par les Simracers et leurs équipes. Ce qui a haussé encore le niveau du débat, puisque les partenaires de l’événement ont du faire face à des Direct Drive, des pédaliers Heusinkveld ou des châssis fixes en alu, voire à de la VR grâce à un certain Jeremy Bouteloup et à son équipe, la Virtual Racing School (écoutez son interview). L’histoire retiendra peut-être que, par exemple, au soir de l’ADAC Simracing Trophy, Frederik Rasmussen (Core Simracing), sur cockpit Actoracer, l’a emporté devant Jeremy, sur simulateur maison, après une course au coude à coude. Un résultat à méditer peut-être, notamment par les rares équipes françaises présentes en qualité d’observateur, comme les Virtual Drivers by TX3 (écoutez l’interview de Stéphane Koch), ou les Redface Racing (écoutez l’interview de Partaille).

 

Vous l’aurez compris : la Simracing Expo refuse d’être simplement une vitrine et compte bien occuper une part active dans le développement commercial de notre passion. Elle nous aura surtout permis de comprendre que la concurrence est de plus en plus rude tant au niveau matériel que logiciel. Si cela peut être une bonne chose pour nous, pilotes, qui trouverons ainsi l’équipement qui nous convient parfaitement, pour ceux qui souhaitent en vivre, les organisateurs, les développeurs, les fabricants, cela signifie qu’il va falloir ne pas se reposer sur ses lauriers et innover pour tenir son rang ou du moins rester dans la course. Soit vous vous alignez, soit vous trouvez le plus qui vous différencie, soit vous êtes en queue de peloton. Affaire à suivre.

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