A l’image de Mercedes qui a le monopole depuis plusieurs saisons maintenant en Formule 1, que penser de Codemasters et de sa série F1 sans concurrence ? D’un côté, chaque opus apporte son lot de nouveautés, peaufine un peu plus les détails qui rendent le jeu plus proche de la saison en cours, ajoute de nouveaux modes de jeu comme MyTeam cette année. D’un autre côté, on ne comprend pas certains choix de l’éditeur ou certaines absences dans le nouvel opus. Le but de cet article n’est pas de crier au scandale en énumérant certains points manquants ou critiquables, mais de remonter ce que nous, fans de simracing, attendons d’un jeu pour qu’il fasse partie de notre garage sur le disque dur de notre PC ou de notre console.
Bien évidemment, chaque opus s’améliore et c’est tant mieux pour nous. Cette année, Codemasters a poussé encore plus loin la carrière pour nous mettre encore plus dans la peau d’un vrai pilote. Un nouveau mode de jeu appelé MyTeam où vous gérez entièrement votre écurie, des stratégies à établir pendant la course et en dehors, quelques améliorations graphiques par rapport à l’opus précédent, des éclairages de plus en plus poussés, la météo dynamique avec une pluie absolument magnifique tout en rendant les courses plus difficiles, une meilleure gestion des pneus avec de meilleures sensations de grip, des voitures mises à jour au fur et à mesure de la saison, deux nouveaux circuits au lancement du jeu, la F2 encore plus complète… La liste est longue et les articles et tests sur le Net ont déjà fait l’éloge de toutes les nouveautés : je vous invite donc à les lire ou les visionner. Vos YouTubeurs préférés ou magazines en auront sûrement déjà épluché les moindres détails.
Pour en revenir au titre choisi pour cet article, avant d’aborder les sujets qui fâchent, n’oublions pas que les qualités du titre sont là. C’est un réel plaisir de se lancer dans une course, les sensations de pilotage sont extraordinaires, le jeu reste arcade mais le curseur simulation n’est plus très loin. Les voitures montrent bien leurs différences de puissance, plusieurs modes de jeu sont disponibles pour garder le joueur dans son cockpit le plus longtemps possible… En revanche, le titre de l’article risquera d’en faire réagir plus d’un car, évidemment, F1 2020 reste encore trop arcade d’abord pour faire partie des simulations dignes de ce nom. Les points qui nous gênent ne sont toujours pas améliorés malgré plusieurs versions. Tant que Codemasters ne progressera pas, le jeu officiel de la F1 ne pourra jamais atteindre le 20 sur 20. Pour justifier ce choix, attaquons la partie des points absents, ceux qui fâchent ou qui seraient à améliorer, avant de finir par une petite note d’étonnement pour parfaire cet opus 2020.
Une VR absente
La VR est présente sur bon nombre de simulations désormais. Pourquoi Codemasters ne propose-t-il toujours pas la VR dans son jeu de F1 ? A cause du moteur graphique selon eux. Dans ce cas pourquoi Dirt Rally 2.0, de Codemasters également, qui utilise le même moteur graphique (Ego Engine), propose-t-il la VR ? En 2020, ce n’est pas acceptable. Effectivement, nous ne sommes qu’une minorité à la demander certes. Bien sûr, vous considérez encore votre jeu comme un jeu d’arcade et non une simulation poussée, qui vise tout autant les joueurs PC que les joueurs console, avec un volant ou une manette, mais quel pied ce serait de prendre place dans le cockpit d’une F1 comme un vrai pilote ! A chaque sortie d’un nouvel opus, c’est le premier point vérifié par les fans de simulation automobile et l’absence de VR reste aujourd’hui une grande incompréhension pour la référence ultime de F1, licence officielle oblige. Tout le monde ne la veut pas, tout le monde ne la supporte pas, mais pour faire partie de la bibliothèque de tout fan de simulation, la VR reste un point important et qui doit être proposée. Un point positif quand même avec les derniers opus, le TrackIR est présent dans les options, mais à part pour viser le point de corde en roulant, l’immersion reste loin de ce que propose la VR
La vue cockpit
Pour en rester dans le registre des caméras, un autre choix est étonnant : la caméra. Pourquoi ne pas avoir proposé une vue caméra cockpit qui intègre des rétroviseurs “visibles” lorsqu’on conduit ? Cela explique pourquoi tout le monde roule depuis certains opus, et c’est toujours le cas sur F1 2020, avec la caméra embarquée au-dessus du casque du pilote. Vue certainement favorisée aussi car elle élimine le problème de visibilité du halo.
Avez-vous vraiment l’impression d’être à la place d’un pilote de F1 lorsque vous roulez avec une telle vue ? C’est plutôt la caméra embarquée la plus utilisée pour suivre un Grand Prix de F1 à la TV depuis son canapé. On a l’impression d’être assis sur le dessus de la voiture derrière le pilote, et qu’on vous emmène faire un petit tour. Avouez que l’immersion en prend un coup ! Pourquoi ne pas avoir simplement réglé la vue cockpit afin d’avoir une vue sur les rétroviseurs qui soient utilisables ? Effectivement, il est possible de la régler, mais il faut recommencer le réglage de la caméra sur chaque voiture. Il aurait été bienvenu que Codemasters propose une vue cockpit avec un FOV peut-être un peu moins réaliste et une position de conduite un peu décalée, mais avec une vue plus jouable avec les deux rétroviseurs visibles. Bien sûr, le rétroviseur virtuel, activable dans les options, très efficace et très bien placé, résout également le problème.
Les contrôles
Dirt Rally 2.0 était l’exemple de ce qu’un fan de simulation de voitures peut rêver avoir pour régler tous les périphériques qu’il possède dans son cockpit. Dans la série F1, à part si vous roulez avec une manette ou que vous ne modifiez absolument aucun bouton, la logique de personnalisation des contrôles avec un volant reste un mystère. Pourquoi, par défaut, les contrôles clavier et volant sont-ils cochés ? Pourquoi sont-ils séparés ? Et pourquoi, lorsqu’on personnalise ne serait-ce qu’une touche, se retrouve-t-on avec soit le contrôle clavier, soit le contrôle volant activé, mais plus les deux ? Ce problème aura duré quelques versions. Heureusement, le patch 1.0.7 de F1 2020 est enfin sorti et corrige ce problème.
Cependant si on personnalise le contrôle volant pour changer la position des boutons par exemple, il n’est plus possible d’affecter une des actions au clavier, seuls les boutons sur le périphérique volant sont autorisés. Il faut alors comprendre qu’il fallait en fait sélectionner le paramétrage clavier, personnaliser les touches, et ensuite à ce moment-là, affecter les contrôles au volant et les touches au clavier restent accessibles pour être configurées. Avouez qu’on a connu plus simple !
Dernier point qui est bloquant, si vous avez paramétré Echap, le jeu ne vous indique pas, lorsque vous sauvegardez vos réglages, qu’il manque LA touche qui permet de sortir de la plupart des menus du jeu. La seule solution sera un CTRL-ALT-Suppr pour relancer le jeu et retourner dans le paramétrage des touches. Il aurait peut-être fallu afficher un message quand les touches de base de navigation ne sont pas toutes paramétrées par exemple. C’est pareil lorsqu’une touche est associée à plusieurs actions. Une icône nous prévient que la touche est déjà utilisée, mais rien nous empêche de sauvegarder le paramétrage quand même. Et donc cela peut aboutir à une configuration inexploitable une fois en piste.
Il faudrait vraiment revoir l’ergonomie au niveau paramétrage des contrôles. On ne comprend toujours pas pourquoi les touches paramétrées au clavier apparaissent dans un autre réglage que celui du volant. En terme d’ergonomie, ACC est bien plus intuitif que F1 2020 par exemple. A gauche, l’action à paramétrer, à droite les touches à utiliser avec la distinction volant-clavier.
Le micro dans le multijoueur
Proposer des parties multijoueurs, c’est bien. Proposer aux joueurs de discuter pendant la course, c’est très bien aussi. Mais pourquoi cette gestion du micro dans le jeu fonctionne-t-elle si mal ? Où sont les options pour régler le volume du micro des autres intervenants ? On ne peut que l’activer ou le désactiver. On finit par couper le micro dans le jeu et on utilise une solution externe pour discuter avec les autres joueurs pendant la course. Et donc au final, la fonctionnalité n’est pas utilisée en jeu. A revoir donc.
Les choix de paramétrage des championnats
Pour les plus pressés, il est possible de raccourcir les courses en modifiant le nombre de tours, dans un championnat le nombre de circuits, etc. C’est une bonne chose. Mais pourquoi avoir figé ces paramètres modifiables à certaines valeurs uniquement ? Qu’est-ce qui empêche de saisir les paramètres que l’on veut sur une saison ? Une gestion plus libre des paramètres de configuration aurait permis de régler exactement ce que le joueur désire.
La carrière en mode coopératif
Avec la sortie de F1 2020, un des points mis en avant était le split screen pour jouer à deux, sur la même console ou le même PC. Sympa. Mais F1 2020 était le modèle parfait pour faire une carrière en mode coopération avec comme deuxième pilote de son écurie, un ami qui se connecte à notre partie. Pourquoi ne pas l’avoir implémenté ? Chaque pilote gère sa carrière de son côté, et les courses sont ensuite en commun. Codemasters, si tu nous entends, fais-nous plaisir et ajoute le mode Coop sur la carrière, en local en split screen ou en réseau à distance.
Les masques, le public et …les vrais circuits roulés par la F1 en 2020
De nouvelles séquences animées entre les courses, de nouvelles célébrations, une carrière encore plus immersive, un mode MyTeam qui apporte toute une partie gestion aussi importante que la partie conduite pure, une ambiance encore plus réaliste… On s’y croit un peu plus à chaque nouvel opus. Mais si Codemasters aime jouer la carte du réalisme pour coller au mieux à la saison en cours, un point étonne dans le contexte actuel : où sont les masques de protection sur les personnages ? Pourquoi y a-t-il autant de public dans les gradins ? La question peut surprendre certes, mais c’est quand même un point qui aura marqué cette année et qui joue énormément sur l’aspect réalisme. On pourrait, pourquoi pas, ajouter un paramètre comme pour le halo, afficher ou non le public, afficher ou non les masques sur les animations en cette période de COVID.
L’autre point qui étonne dans cette période où les mises à jour sont publiées au fil de l’eau pour corriger les erreurs ou ajouter du contenu, c’est l’absence des circuits officiels sur lesquels les courses réelles sont roulées cette année. Ce n’est certes pas évident de sortir un nouveau circuit imprévu dans les délais impartis, mais plutôt que proposer des skins, des vêtements, des casquettes qui n’apportent franchement pas grand chose au jeu, on aurait préféré une plus grande réactivité de l’éditeur sur cette partie-là.
Rassurez-vous, se poser ce genre de question est un signe que le jeu a atteint une belle maturité et c’est tant mieux pour le joueur. Ne soyons pas frustrés et profitons de cette belle version 2020 pour avancer dans cette nouvelle saison de F1. Le jeu offre déjà énormément de nouveautés. Vous ressentirez l’adrénaline d’une course dans des voitures sensationnelles, vous prendrez plaisir à peaufiner votre modèle, l’améliorer, progresser, transpirer. Car oui, Codemasters a réussi ce nouvel opus 2020, mais il reste encore de la marge pour progresser et combler les absences. Alors osons espérer que l’éditeur nous lira et validera notre checklist pour offrir à ses fans un F1 2021 qui mettra un terme à l’éternel opus considéré plutôt comme une simple mise à jour annuelle qu’un vrai nouveau jeu. Et donc, pour en revenir à cette fameuse note et à notre jeu de mot pour le titre de l’article, au vu des manques constatés depuis des années, F1 2020 je lui mettrais, en tant que fan de simulations auto, 14/20.
Et vous, qu’en pensez-vous ?
Pour information, à la sortie de l’article, F1 2020 disposait du patch 1.10.1 https://www.formula1game.com/2020/news/f1-2020-patch-notes