Pas de miracle à Road America

Samedi 22 avril à 13h, a eu lieu la 4ème manche de la Formula Renault Simcup (1)  sur iRacing. L’occasion d’accueillir parmi nous un pilote qui y roule avec pour objectif d’intégrer le très relevé « iRacing World Championship Grand Prix Series » ou autrement dit, le championnat F1 de iRacing. Après les trois premières courses, Richard Arnaud est en 5ème position du championnat de Formule Renault. Il poursuit son apprentissage, en lever de rideau, des courses de F1. L’enjeu est d’importance puisqu’il s’agit de confirmer le potentiel aperçu au Canada.

Live-Sim est ravi de pouvoir vous proposer une chronique faite par un pilote rapide et à la tête bien pleine. Vous découvrirez que la course automobile virtuelle est aussi une somme de détails, que la recherche de performance est continuelle, que ce sport est bien plus mental qu’il n’y paraît. N’hésitez pas à lui poser des questions dans les commentaires.

Ma préparation s’est bien déroulée. Après trois mois de travail sur la voiture, je suis enfin en mesure de la régler parfaitement pour le circuit. Il faut pour cela remonter deux semaines auparavant lors des deux dernières manches du championnat régulier, au Brésil et au Nürburgring. Bien que conclues par de nombreux podiums dans des splits(2) à haut SOF (3), elles furent un casse-tête. Je n’arrivais jamais à être totalement en pleine confiance avec la voiture. En préparant Road America, nous avons trouvé non seulement comment les paramètres de la voiture agissaient sur le comportement de la monoplace, mais surtout comment ces paramètres influent entre eux. Ce travail ayant notamment porté sur… les amortisseurs. Pour ceux qui sont auditeurs ou lecteurs assidus de Live-Sim, je peux les remercier ainsi qu’Arnaud Lacombe, pour m’avoir, suite à leur podcast, incité à approfondir le sujet.

La voiture était donc enfin prête au niveau du setup, deux jours avant la course (une première), de quoi travailler la recherche des derniers dixièmes et la qualification, qui m’a fait défaut en début de saison. Pour autant, malgré ma confiance et une certaine sérénité, l’inquiétude était bien là. En effet, impossible de connaître le rythme de nos adversaires avant le jour J.

Chaque minute compte

13h – Début des essais pour vingt minutes. Nous classons les voitures 2ème et 3ème avec Aurélien Talmon, pour une fois à mon avantage, sans avoir poussé au maximum. Jouni Silvasti, notre « objectif » pour la fin de saison, annonce la couleur : 2.01.9. Pile le temps sur lequel nous avions misé. A notre grande surprise, nos 2.02.4 et 5 étaient suffisants pour être P2 et P3, mais la qualif est un autre exercice.
13h20 – La qualif est lancée, au final un peu décevante mais nous sommes P3 et P4, de quoi entamer la course devant. Tout bascule lors du warm-up avant la course.
13h30 – Surpris par le premier tour de chauffe sur les conditions de piste et la réponse de la voiture, je file regarder la météo… douche froide… piste à 24° ! Nous nous sommes entraînés sur la piste à 29°, comme la qualif. La balance aérodynamique est bonne mais nous avions un doute sur la boîte de vitesses. Courte ou longue ? Sur la piste à 29°, l’avantage à la boîte courte était de 1,5 dixième au tour. Vu le niveau, impossible de se passer du moindre dixième. Mais une piste à 24° pouvait être synonyme de plus de grip donc meilleure sortie de virage et peut-être donner un avantage à la boîte longue ? Nous décidons finalement de partir en boîte courte, en essayant de se détacher du peloton dès le départ. Objectif : pointer 2 et 3 à la sortie du virage 2. Je prends l’intérieur et Aurélien me suit, voilà le plan.

 

13h40 – Le départ

Je suis très à l’aise dans l’exercice et confiant. J’ai développé un petit rituel qui porte ses fruits. Mais Aurélien, derrière moi, vole le départ. La stratégie de début de course est ratée. La course est finie pour lui. La pression monte. Les feux passent au vert. Comme prévu, envol parfait : je dépose Scott Newton, parti P2, et fonce sur Silvasti. Les pneus froids au virage 2 me surprennent un peu, et Silvasti a déjà cassé la barre des 6 dixièmes synonymes d’aspiration sur la FR2.0. Il sera imprenable. Derrière moi, Simone Maria Marceno porte l’attaque au freinage du virage 3. Au prix d’une grosse défense, je conserve la P2 : objectif rempli. Mais dès la sortie du carrousel, je me rends compte de l’erreur que nous avons commise. La boîte, vous vous en souvenez ? Eh bien, je suis le seul du groupe de tête en boîte courte. Je perds entre 5 et 10 km/h à chaque ligne droite sur mes poursuivants, selon qu’ils ont ou non l’aspiration. Avec un compteur bloqué à 240 au rupteur, c’est une véritable course de défense pendant les 13 tours.

Je réussis néanmoins à construire un écart à la mi-course suite à un accrochage derrière, entre Simone Maria Marceno et Alex Sadler (les deux leaders du championnat). Pour autant, le répit est relatif, Scott Newton est deux petites secondes derrière moi. Mais le manque de vitesse de pointe se fait sentir. Je perds lentement dixième par dixième et il finit par passer à l’entame du tour 10. Je ne défends pas, je sais que je suis plus rapide en virage, malgré le dirty air qui rend la monoplace délicate à piloter et très instable de l’arrière. Avant d’entamer le dernier tour, je tente le tout pour le tout avant le dernier virage. Je décide de passer à fond. La voiture me dira NON. Énorme sous-virage me propulsant sur le vibreur extérieur. Je suis passager de la voiture. Tête à queue. Il restait un tour à couvrir (encore). Je réussis pour autant à revenir dans le bon sens sur la piste, ayant le réflexe de me déporter sur la gauche pour éviter Karolis Jovaisa. Je reprends la P3 en entamant le dernier tour mais la boîte, toujours elle, me coûte la P3. Il passe dans la grande ligne droite en fin de secteur 1 et je ne pourrai pas repasser devant. P4 à l’arrivée, avec un meilleur temps personnel en 2.02.0, à 4 dixièmes derrière le meilleur temps de Silvasti en 2.01.6 et en rendant au moins 5 km/h par ligne droite.

Déçu et optimiste

Si je devais décrire en un mot le bilan de cette course, ce serait « inexpérience ». En effet, iRacing est impardonnable dans ce genre de compétitions. L’expérience a manqué pour le réglage trop conservateur de la boîte et pour la gestion du dirty air, jusqu’à l’excès de confiance fatal de l’avant-dernier tour. De même, le changement de température m’a surpris, cassant la routine du premier tour que j’avais construite en entraînement. Mais le bilan final reste positif. Il y a un mois et demi, je finissais à une anonyme 19ème place, bien loin d’un Simone Maria Marceno vainqueur. Aujourd’hui, je suis au pied du podium, mais la P2 était jouable à la régulière. De quoi rester optimiste pour la suite de la saison et aller chercher le Finlandais volant au classement Jouni truste 8000 d’iRating(4). Face à mes 3600, pas de miracle sur Road America. La route est encore longue pour le battre mais les progrès sont encourageants.

Le rendez-vous est donc pris pour Monza, le 13 mai, un circuit que j’affectionne particulièrement. Je vais tenter de monter sur le podium même si la concurrence élève toujours son niveau de performance à chaque manche. Pratiquement à 4000 de SOF lors de la dernière course. Il ne faudra donc pas baisser la cadence. Nous aurons un nouvel arrivant dans l’équipe, Fabrizio Donoso, à l’origine pilote F1 2016 pour l’équipe RC. De quoi nous renforcer un peu plus. Objectif champagne !

(1) Formula Renault Simcup : championnat de Formule Renault 2.0, organisé et promu par RaceSpot TV, diffuseur principal du jeu iRacing. Le championnat se déroule en introduction des iRacing World Championship Grand Prix Series (championnats du monde de F1 de la simulation).
(2) Splits : il s’agit de l’anglicisme de “divisions” ou “poules”. iRacing, sur ses événements, promeut uniquement la meilleure division, soit le split 1. Votre split est attribué en fonction de votre iRating et du SOF.
(3) SOF : acronyme de “Strengh Of the Field”. Les joueurs sont classés selon leur iRating (3). Le SOF correspond à la moyenne des iRating des participants à la course. Plus ce chiffre est élevé, plus le niveau est difficile.
(4) iRating : il s’agit d’un nombre donné par iRacing, classant votre niveau de performance. Pour faire monter votre iRating, il faut vous assurer d’avoir de bons résultats dans des courses de haut niveau (donc avec un SOF élevé). Mais attention, il est plus facile de perdre de l’iRating que d’en gagner. Le top 15 mondial toutes catégories confondues (GT, Monoplace…) tourne à 8000 et +.

2 commentaires

Et vous, qu'en pensez-vous ?