Kesspouette trouve sa place dans le Simracing

Comment vivez-vous le Simracing, quand vous êtes pilote débutant et de surcroît une femme ? C’est ce que nous avons voulu savoir en nous rapprochant de Kespouette, Simracer (Simraceuse ? Elle n’aimera pas, je pense…) chez les Virtual Drivers by TX3. Son regard nous apporte un éclairage nouveau sur le Simracing, entre passion, acceptation et simulation. Et autant le dire tout de suite : la future commissaire de piste IRL n’a pas sa langue dans sa poche et nous livre un moment de vérité sur le Simracing et ce qu’elle en attend. Un authentique bol d’air frais ! Interview.

 

 

Kespouette, qui es-tu ?

Je m’appelle Leila Benouna. Je suis en union maritale avec un autre TX3 et je suis maman d’un petit garçon de trois ans. J’ai une formation d’historienne, mais je travaille actuellement au sein du Service Client de beIN SPORTS. Le Simracing, je le pratique de manière intense depuis juillet 2016, et j’ai évolué récemment au sein du Championnat de France Project CARS sur Xbox One.

Comme l’un des piliers historiques de Live-Sim, Playmobil, j’aime bien en savoir un peu plus sur les pseudos des Simracer. Pourquoi avoir choisi « Kesspouette » ?

Pour tout te dire, j’écris en ce moment un livre, et Kess est le nom du personnage principal. Pouette, c’est parti d’un délire avec mon compagnon.

Quel a été l’élément déclencheur pour te décider à piloter ?

Avant juillet 2016, je jouais en multi sur d’autres jeux, des FPS. Un milieu où les femmes ne sont pas bien acceptées. Les gars ne supportent pas de se faire fraguer par une fille. Or je suis passionnée par l’automobile depuis l’enfance : petite, j’étais collée tous les dimanches matins devant TF1 avec mon père. Alors je me suis lancée, surtout à cause d’une promesse. Mon compagnon gère en fait le pôle événement Xbox One très actif sur Project CARS chez les TX3, et je lui ai promis que s’il organisait le Championnat de France, je piloterais. J’ai ainsi intégré une équipe très complète, très présente sur PC avec iRacing, et je compte d’ailleurs me convertir sur ordinateur. J’ai pu aussi rencontrer les autres pilotes durant les 24 heures du Mans.

Et en tant que pilote féminine, tu ne te sens pas isolée ?

Très honnêtement, non. Je pensais surprendre au début les autres pilotes du Championnat de France, qui a compté 130 participants, et cela a été le cas. Il y a eu une petite réserve au début, et puis finalement ça s’est fait à coup de blagues. Et je les ai rassurés en leur disant que rien serait retenu contre eux dans ce domaine. Aujourd’hui, je me sens dans le bain. Il n’y a eu qu’une seule occasion jusqu’à maintenant où une différence s’est faite ressentir. En V8 Supercars, sur Bathurst. C’était sous la flotte, c’était compliqué à tenir, et le gars m’a cartonné dans un virage. Il devait me prendre un tour, mais il n’a pas annoncé son dépassement dans le micro comme il le faisait avec tous les autres pilotes. Gros crash, direct au stand. Avant même le début de la course, quand il a entendu la voix d’une fille, il a fait : « Mouais… ». Je m’en suis tenue là, mais j’avais bien envie de lancer une réclamation.

Et du côté des bons souvenirs jusqu’à maintenant ?

Terminer troisième sur une course après être partie à l’arrière du peloton. C’était en LMP1 sur Silverstone, et j’en suis très fière même si c’était dans la Division 5. Cela m’a permis de montrer que même si tu es une fille et une débutante, tu n’es pas moins performante. Ils s’attendaient d’ailleurs à ce que je réclame un traitement de faveur, mais non. Après mon résultat, les réactions des gens étaient très sympas. Certains m’ont dit : “C’est un plaisir de rouler avec toi”.

 

Passons à la question Matériel. Dis-moi avec quoi tu roules et je te dirai qui tu es…

La Team m’a prêté un volant, un T300 et son pédalier. Le tout est posé sur un support. Mais je reviens de temps en temps à mes premières amours, sur Forza pour reprendre un peu la manette. Comme beaucoup de TX3, qui sont encore aujourd’hui sur ce titre. J’ai aussi découvert Assetto Corsa sur Xbox : une impression de conduite extraordinaire, mais une carrière nullissime. Le système de cumul de points pour débloquer des courses ne supporte pas la comparaison avec ce qui est proposé par Project CARS ou Forza. Et l’IA n’est pas très bien gérée : au début très forte, elle devient sans intérêt si tu arrives à la dépasser.

Puisque tu abordes le Simracing de manière générale, quel est ton avis sur la question ? Notre passion a-t-elle sa place dans l’eSport ?

Le Simracing n’est pas encore assez reconnu, alors que l’eSport monte en puissance. Mais on parle trop de FPS. C’est le gros morceau. La simulation mérite d’être mise plus en avant. Le Simracer a une concentration équivalente à celle des vrais pilotes, et doit avoir les mêmes réactions. Je crois complètement à l’eSport, avec ces jeux qui sont de plus en plus nombreux à sortir et qui sont taillés pour. Le Simracing y gagnerait en puissance, et pourrait être représenté notamment à la Paris Games Week, avec de vraies compétitions. Il nous faudrait recruter des personnes dans le milieu du FPS. Ce sont des joueurs qui aiment bien être en collaboratif. Il y a beaucoup de freelances qui jouent pour s’amuser. On pourrait leur faire découvrir un autre univers, en les attirant avec l’idée d’être dans une équipe, et de pouvoir partager. C’est ce que j’ai trouvé chez les TX3, énormément de partage. C’est l’une de leurs spécificités. En dehors du Simracing, on peut se retrouver de temps en temps sur d’autres jeux uniquement pour le fun. Et puis, en FPS, il y a un esprit combatif que l’on retrouve dans le Simracing. C’est nécessaire pour atteindre un objectif : la pole et gagner la course. Sans concentration et sans combativité, on ne fait rien, dans l’un ou l’autre domaine.

Il paraît que tu es commissaire de piste aussi ?

Comme mon compagnon avant moi. C’est un moyen de vivre sa passion même bénévolement, sentir la piste, l’air ambiant. On ne peut pas être pilote mais on s’en approche. Et l’automobile, c’est une grande famille, qui compte beaucoup de femmes, mais pas assez. Pour l’instant, je ne suis pas encore en bord de piste. J’ai fini ma formation pratique et théorique, fin janvier. Il faut maintenant payer les licences FFSA et ACO (Automobile Club de l’Ouest, NDLR) et ensuite m’inscrire selon le calendrier, en tant que commissaire stagiaire, pour valider. Si je veux être commissaire international, il faudra passer un examen.

Existe-t-il pour toi un lien entre Simracing et Realracing ?

Il n’y a pas de frontières pour moi. Le Simracing, c’est de la simulation, donc les règles du Realracing doivent s’appliquer. Les coups bas doivent être sanctionnés. S’il y a un drapeau bleu, il faut laisser passer. Il y a aussi le côté partage. En réel, lors des courses, il y a l’ambiance à côté de la piste, c’est la fête. Le multi permet aussi d’échanger, de donner ses impressions.

Pour finir, si tu devais ne retenir qu’une chose dans le Simracing, ce serait quoi ?

Le plaisir de jouer avant tout, le but étant de s’éclater.

Pour en savoir plus sur Kespouette, retrouvez-la sur sa page Facebook : https://www.facebook.com/tx3kesspouette

Crédits photos : Kespouette / Live-Sim

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